Moncef Mzabi

La Politique Monétaire de La Banque Centrale de Tunisie

La politique du secteur monétaire devrait viser à contenir l’inflation, à préserver les réserves de change et à renforcer le secteur bancaire afin de relever de nombreux défis économiques et sociaux. Les principales préoccupations à moyen terme de la Tunisie sont de réduire le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes, et d’atténuer les disparités économiques régionales en établissant les bases d’une croissance économique plus élevée et plus inclusive.

Depuis la révolution de 2011, le pays a été confronté à des déséquilibres macroéconomiques importants, les autorités se concentrant en grande partie sur l’apaisement des demandes sociales et sur les vulnérabilités des entreprises ayant des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes.

En conséquence, le déficit du compte courant s’est considérablement creusé à 7,2% du PIB en 2013 (contre 4,7% en 2010), l’inflation s’est accélérée de manière significative à 6,0% (4,4% en 2010), en plus des faiblesses du secteur financier et le chômage atteint des niveaux sans précédent (18% en 2011 contre 13% en 2010).

À ce jour, la Banque centrale de Tunisie a pris plusieurs mesures pour resserrer sa politique monétaire, notamment injecter des liquidités dans les banques locales, augmenter son taux directeur de 50 points de base, resserrer les réserves obligatoires pour le crédit à la consommation et fixer un taux d’épargne minimal de 2,75% en 2013 pour projeter les petits épargnants.

Bien que ces efforts aient allégé quelque peu la pression, la BCT doit maintenant prendre des mesures plus importantes pour éliminer la dépendance des banques locales à l’égard des injections de liquidités de la BCT et accroître la flexibilité du taux de change.

La Politique Monétaire de La Banque Centrale de Tunisie

Premièrement, la BCT doit créer une stratégie de sortie pour ses injections de liquidité dans le secteur bancaire local. Cette stratégie devrait inclure le renforcement et l’extension du cadre et de l’horizon actuels de liquidité et de prévision, l’établissement d’une structure de prêteurs de dernier recours et l’établissement de cadres de gestion des garanties solides pour encourager les banques à gérer leurs liquidités de manière plus prospective. La BCT pourrait également alléger les plafonds de taux d’intérêt existants en vue de les éliminer et d’améliorer le mécanisme de transmission monétaire.

En ce qui concerne la flexibilité des taux de change, la politique monétaire tunisienne a géré au cours de la dernière décennie un régime de changes flottants par lequel la BCT intervient sur le marché en vue d’amortir légèrement le taux de change réel contre un panier de devises pondérée en fonction des principaux partenaires commerciaux et concurrents du pays.

Cependant, ce modèle précédent a montré ses limites à cause du manque de croissance durable et d’équité régionale malgré des résultats et des stabilités macroéconomiques indéniables. L’économie tunisienne doit être plus compétitive et capable de fournir suffisamment d’emplois et d’opportunités d’affaires à sa population jeune instruite.

Depuis 2012, la CBT a donc introduit une modification de son mode d’intervention sur le marché des changes. L’intervention se fait sur la base des taux interbancaires au lieu d’un taux de référence calculé à l’aide d’un panier fixe de devises et permettant une politique de change plus flexible que les décennies précédentes.

Ce nouveau régime de change aidera à préserver les réserves de change de la BCT, à faciliter l’ajustement externe et à soutenir la demande de monnaie en réduisant l’absorption de liquidités due aux interventions sur le marché des changes.

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